VIN
Tendances en matière de vins
Patrick Fiévez
La consommation de vin est en constante évolution tant en privé qu’au restaurant.
Les réponses nous sont données par deux sommeliers, deux importateurs-distributeurs et cavistes. Et aussi par des statistiques et des études qui nous éclairent sur l’évolution du marché.
©Louchebem
Maxime Sanzot est sommelier au restaurant ‘Racines’ de Floreffe. Il a terminé troisième au dernier concours du meilleur sommelier de Belgique, le concours officiel organisé par la Guilde des Sommeliers. « Le goût du client ne change pas vraiment. Il préfère se rassurer, être sécurisé, et commande ce qu’il connaît. Cependant, je constate qu’il a désormais tendance à favoriser des domaines de vignerons à taille humaine. Bordeaux est en déclin et la Bourgogne, malgré ses actuelles disponibilités après une récolte 2021 très déficitaire et ses prix, continue à être demandée. Des régions françaises émergent comme le Jura qui propose des blancs au caractère affirmé. Nos clients sont très réceptifs à nos conseils. Ils sont ouverts et n’hésitent pas, après nos suggestions, à sortir des sentiers battus. C’est notre rôle aussi. Ainsi, je suggère, par exemple, des vins allemands et autrichiens moins connus en Wallonie qu’en Flandre. Les bulles belges ont la cote. Quand il y en a un servi à la coupe, il est préconisé par rapport à d’autres effervescents. Pour les vins italiens et espagnols, je ne constate pas de réelle progression dans les ventes. Quant aux vins ‘bio’, on remarque également une demande soutenue ».
Vincent Collard (28 ans) œuvre comme sommelier au restaurant du chef étoilé Alain Bianchin à Overijse depuis quatre ans. Son constat ? Une demande de plus en plus accrue pour les vins ‘bio’ et ‘nature’ produits par des petits producteurs. « Mais nous vendons aussi encore beaucoup de grands vins comme des Bourgognes. Ce midi, au lunch, un client a commandé un Echezeaux à 450€ la bouteille. Les vins sudistes français (Languedoc, Roussillon, Sud-Ouest) sont également fort sollicités. Et en dehors de la France, j’aime proposer des blancs allemands de cépage riesling et aussi rouges et blancs portugais. Dans ce cas, il est nécessaire d’avoir une présentation ‘salivante’. Ce n’est pas évident de suggérer un Vinho Verde en entrée.
Importateur traditionnel (depuis 1886), De Coninck est l’agent de grands Domaines comme L. Roederer, Drouhin, Jaboulet, Daguenau, Trevallon, et aussi propriétaire du Château Martet à Bordeaux. « Malgré les prix et la pénurie due à une vendange déficitaire en 2021, les Bourgognes sont très sollicités, particulièrement en Horeca. Pour les vins de Bordeaux, rien ne change vraiment. Mais vu le prix des grands crus classés, ce sont les ‘deuxièmes vins’ de ces grands châteaux qui sont demandés. Je constate même un léger rajeunissement des amateurs de Bordeaux », nous dit Jean-Gabriel De Coninck qui a décidé d’arrêter l’importation des vins hors Europe pour se recentrer entièrement sur les vins européens. « Pourquoi acheter un sauvignon néo-zélandais alors qu’il y en a d’excellents en France ». Pour lui, le meilleur rapport qualité/prix en Europe, ce sont les vins espagnols où il y a un grand pôle de développement. Il pointe également le succès des vins du Rhône et du Bandol provençal.
Ils sont trois associés qui se sont spécialisés dans les vins ‘nature’ et ‘bio’. Agathe, Vivien et Baptiste forment le trio de ‘Titulus’, caviste et bar à vins à Bruxelles et à Anvers. Pas moins de 500 références sont proposées. « Quand nous avons créé ‘Titulus’ en 2011, ce type de vin constituait une niche sur le marché. On constate qu’elle grandit. Les amateurs convaincus ne reviennent pas aux vins conventionnels. Ils ont découvert des vins plus digestes, droits, propres, avec peu ou pas de soufre. Bien sûr, il est vrai qu’il n’existe pas de législation les encadrant. Notre rôle est de bien connaître les producteurs. Bien sûr aussi, il y a des vins ‘nature’ qui présentent des défauts comme celui de la réduction (*). La clientèle se dirige vers des vins frais, fins et légers comme ceux de Loire mais aussi rouges et blancs du sud-ouest français élaborés avec des cépages originaux », nous dit Vivien.
©Louchebem
Quels sont les vins préférés des consommateurs dans le monde ?
C’est une étude intéressante et significative que nous livre ce sondage réalisé par Sopexa. ‘Wine Trade Monitor’ nous apprend quelles sont les actuelles tendances de vins dans le monde. 1.044 professionnels (importateurs, grossistes, cavistes, distributeurs, acheteurs de la grande distribution) ont analysés les marchés de sept pays : Allemagne, Belgique, Chine, Etats-Unis, Japon, Canada et Pays-Bas. Un constat tout d’abord concerne la moyenne des origines de références. Le Japon arrive en tête avec pas moins de 11 pays différents. En Europe, la Belgique propose l’offre la plus restreinte avec 5,4 références. Pour la première place mondiale, il n’y a pas photo. C’est la France qui arrive largement en tête des pays producteurs commercialisés : 90% des opérateurs intègrent ses vins dans leur offre. Suivent l’Italie (82%) et l’Espagne (76%) selon les pourcentages des répondants à ce sondage. On note aussi la cinquième place du Portugal qui progresse nettement avec ses référencements comme c’est le cas également dans notre pays. On pointera aussi le déclin des vins australiens. Pour les vins blancs, dans le trio de tête, trois régions françaises : Le Languedoc (« South of France »), la Loire et la Bourgogne. Mais aux Etats-Unis, c’est le Vinho Verde portugais qui s’affiche sur la plus haute place du podium. En global, Bordeaux se détache du classement mais il est attendu une progression des vins (toujours français) du Languedoc et du Rhône. Les Néerlandais et les Allemands apprécient de plus en plus les vins italiens des Pouilles et du Piémont. En rosé, ceux de Provence demeurent les incontestables leaders suivis des rosés languedociens et italiens.
Les plus grands consommateurs de vin dans le monde…
Ce sont les Français avec 44,2 litres par habitant. Ils devancent les Slovènes et les Croates. Le classement est établi pour des pays comptant plus de 300.000 habitants. Mais hors ce minimum requis pour se situer dans le classement, le grand vainqueur serait un petit pays de seulement 800 habitants. Avec 73,80 litres par habitant, le Vatican est en réalité le ‘pays’ où l’on consomme le plus de vin. Et la Belgique ? Nous sommes douzième avec 24 litres mais devançons (curieusement) l’Espagne (21,5 litres) et le Royaume-Uni avec 20,2 litres.
Le Champagne : ses ventes reparties à la hausse
Durant le covid, les vins effervescents n’étaient pas à la fête. Avec la sortie de la morosité ambiante, les bulles, de nouveau, accompagnent les célébrations. Prenez le Champagne. En 2021, ses ventes ont atteints 320 millions de bouteilles. Du jamais vu depuis dix ans. En Belgique, 10,31 millions de bouteilles ont été (officiellement) vendues en 2021. Sans compter, bien sûr, les importations privées dans les coffres de voitures. Nous sommes le premier pays au monde à importer autant de Champagnes de vignerons (les ‘récoltants manipulants’) différents : 457 en 2021.
(*) La réduction ou ‘goût de réduit’ évoque le renfermé, le croupi. Il peut être le résultat d’une aération insuffisante durant la fermentation. A l’aération du vin, dans une carafe par exemple, ce goût peut s’estomper et même disparaître.
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