Reportage

L’accessibilité des villes
Matthias Vanheerentals

L’accessibilité des villes sous pression

Ces dernières années, les zones 20 et 30 se sont multipliées dans les villes, tout comme les zones de basses émissions. Cette prolifération met parfois une certaine pression sur l’accessibilité des restaurants. D’autres restaurants font de la nécessité une vertu et offrent des trajets en taxi gratuits.

Le 1er janvier 2020, la ville de Gand a introduit une zone de basses émissions sur son territoire. Pour améliorer la qualité de l’air, le centre-ville de Gand ou la zone située à l’intérieur de la R40 (Ring de Gand) est à présent une zone de basses émissions (LEZ). Les véhicules polluants qui ne répondent pas aux conditions requises ne sont plus autorisés à entrer dans la zone. Au printemps, cette zone a encore été étendue à quelques communes avoisinantes. Certains restaurants tentent de s’adapter tant que faire se peut à la nouvelle situation. Alice Ghent, un restaurant situé dans le cœur historique de Gand, se trouve dans la zone de basses émissions.

« Le monde change et nous devons nous adapter et nous réorganiser », nous dit Eric de Wagenaere, qui était auparavant gérant du restaurant ‘Cœur d’Artichaut’. « C’est bon pour nous et pour l’environnement qu’il y ait moins de gaz d’échappement dans la ville. Les gens visitent moins Gand en voiture. Heureusement, je suis situé à côté d’un parking. La plupart de mes clients viennent à pied ou à vélo. Mon chiffre d’affaires s’est amélioré, nous sommes toujours complets. Les gens apprécient davantage la ville en s’y promenant à pied. Je ne suis plus autorisé à traverser la ville, ce qui était pratique pour les livraisons, mais je me suis adapté à la nouvelle situation. »

Ignace Wattenberge du Lys d’Or, un restaurant situé juste à l’extérieur de la zone de basses émissions à Gand, doit répondre à bon nombre de questions de la part de ses clients sur la zone de basses émissions. « Nous constatons que ce sont surtout les zones LEZ et le plan de circulation qui effraient un peu nos clients et les empêchent de venir à Gand en voiture, et dans une moindre mesure la zone 30. Les clients qui ne sont pas sûrs, appellent généralement avant de venir pour poser des questions. « Peut-on encore arriver jusque chez vous en voiture ? », demande-t-on invariablement au téléphone. La ville de Gand devrait mieux communiquer sur les endroits où l’on peut et ne peut plus circuler en voiture. Nous sommes parfaitement accessibles et disposons de places de parking public des deux côtés de la Charles de Kerchovelaan, mais je suis sûr que nous perdons inutilement des clients qui optent pour un autre restaurant plus facile d’accès. Nous avons également des clients qui viennent par les transports publics. S’ils ne sont pas pressés, je leur conseille toujours de prendre un ticket à la journée, ils peuvent ainsi passer toute la journée dans la ville. Vous ne pouvez pas ignorer le fait qu’en raison de toutes les mesures de circulation, le commerce de détail et les petits commerces disparaissent de plus en plus du paysage gantois. Nous espérons une meilleure communication de sorte que s’opère une renaissance de la ville. »

Ostende

À Ostende, la situation routière a également changé récemment. Depuis le 1er septembre 2022, la vitesse maximale autorisée dans toutes les zones résidentielles d’Ostende est de 30 km/heure. À première vue, les commerçants ressentent peu d’impact. « C’est agréable de voir les voitures passer moins vite », dit Luc Declerck, gérant du Bistro Mathilda, situé sur la Leopold II-laan à Ostende. « Il fait plus calme en ville. »

Louvain

Le conseil communal de Louvain a décidé, en début d’année, de faire de la vitesse maximale de 30 km/h la règle dans toute la ville et les communes avoisinantes. Les seules exceptions sont les voies d’accès, les routes de liaison importantes et le ring. En adoptant cette mesure, la ville entend renforcer la sécurité routière, réduire le trafic de passage dans les rues résidentielles et rendre ainsi la ville encore plus agréable pour y vivre et y travailler. À La Favola, un restaurant situé dans la Muntstraat, ils constatent toutefois une certaine inquiétude chez les clients. « De nombreuses rues sont fermées », explique le chef Azam Ghaffarian. « Les clients posent des questions à ce sujet. Nous constatons que bon nombre de clients étrangers, en provenance des Pays-Bas par exemple, ne connaissent pas la nouvelle situation et écopent d’amendes. Ils nous ont déjà fait savoir qu’ils n’avaient plus envie de se rendre à Louvain. Alors ils restent chez eux et donc nous, nous perdons des clients. »

Une collaboration avec les taxis

Certains restaurants cherchent des solutions afin d’améliorer l’accessibilité.  Rony De Clercq, gérant de Porto Belfino, un restaurant situé sur le Houtbriel à Saint-Nicolas, fait appel à une compagnie de taxis locale depuis l’année dernière. Le projet a été lancé parce que les clients étaient très préoccupés par le manque d’accessibilité et de stationnement dans le centre. L’exploitant recevait de plus en plus de signaux de la part de ses clients, qui lui signalaient qu’il était difficile d’atteindre le restaurant dans le centre-ville. De Clercq a donc engagé un taxi qui vient chercher gratuitement les clients dans un rayon de 15 kilomètres.  Pour lui, il s’agit d’un coût, mais la dernière chose qu’il souhaite est de voir ses clients l’abandonner en raison de la mauvaise accessibilité de son établissement.  Le retour en taxi est toutefois à la charge des clients. Mais ceux-ci peuvent compter sur un tarif préférentiel, avec des prix allant de 6 à 10 euros dans Saint-Nicolas et ses communes avoisinantes et de 20 à 25 euros vers Temse et Waasmunster.

Des réactions positives

Le projet est en place depuis un an et Rony De Clercq est très enthousiaste. « Les clients n’ont plus à chercher de place de parking et n’ont plus de frais de stationnement. Ce projet est également intéressant pour les personnes handicapées ou ayant des difficultés à marcher. Nous avons une moyenne de 3 à 5 trajets par semaine. C’est l’avenir, car la ville est devenue inaccessible ces derniers temps. » De Clercq a ainsi su attirer une nouvelle clientèle. Nous avons surtout gagné une nouvelle clientèle venant de l’extérieur du centre-ville. Le chiffre d’affaires augmente parce que nous nous rendons accessibles. Lorsque les clients sont pris en charge, certains n’hésitent pas à commander une bouteille de vin supplémentaire avec leur repas de 5, 6 ou 7 plats.  Nous supprimons également l’appréhension qu’ont les gens de prendre un taxi. » De Clercq regrette que la ville de Saint-Nicolas ne contribue pas à soutenir financièrement le projet.

Video
Share

Your name

Your e-mail

Name receiver

E-mail address receiver

Your message

Send

Share

E-mail

Facebook

Twitter

Google+

LinkedIn

WhatsApp

Contact

Send

Sign up
E-card

Your name

Your e-mail address

Name receiver

E-mail address receiver

Your message

Send

1