VIN
Beaumes de Venise
Patrick Fiévez
Nous sommes dans le sud de la Vallée du Rhône. Autour du village pittoresque qui lui a donné son nom, le vignoble de Beaumes de Venise s’étend sur quatre villages. Connu pour son célèbre vin doux naturel à base de cépage muscat, il l’est aussi – de plus en plus – pour son rouge généreux issu des cépages grenache, syrah et mourvèdre, le célèbre GSM.
Son nom tout d’abord. Aucun rapport avec la célèbre ville italienne. ‘Venise’ ici est une déformation de ‘de Venisse’ c’est-à-dire de l’ancien Comtat Venaissin où se situe ce village. Au pied des Dentelles de Montmirail, en voisin direct de Gigondas et Vacqueyras, le muscat (celui ‘à petits grains’, en blanc et en rouge) a fait connaitre mondialement le vin doux naturel et ce village du Vaucluse. Il fut vraisemblablement planté par les colons grecs qui installèrent un comptoir marchand au pied des Dentelles, cette chaîne de montagnes qui marque le paysage. Ce vin, au fruité imparable et au toucher de bouche sensuel, est rentré dès 1945 dans la famille des vins doux naturels français. Surtout connu pour son blanc, largement majoritaire dans sa production (90%), il se décline aussi en rosé et même en rouge. Mais Beaumes de Venise propose également un rouge qui, de Côtes du Rhône puis Côtes du Rhône Villages, est parvenu à se hisser au sommet hiérarchique des vins rhodaniens. C’était en 2005 quand il obtint le statut de ‘Cru’ à l’instar de ses voisins Gigondas et Vacqueyras.
« La majorité des vignerons sont attentifs à traduire le message du terroir », assure Georges Truc, célèbre oenogéologue de la région. Les sols, précisément. La caractéristique de ce Cru (qui ne se décline qu’en rouge) est le terroir appelé ‘trias’. Ces terres fines de couleur ocre permettent aux ceps de ne pas subir de stress dû à la sécheresse ce qui, en cette période de réchauffement climatique, est très bénéfique. Le muscat, lui, s’épanouit plutôt sur des sols sablonneux appelés safres et quasi exclusivement sur la seule commune de Beaumes. Mais revenons au rouge. Sur 660 ha, avec un rendement moyen annuel assez faible (par rapport, notamment aux vins de Bordeaux), 32 hectolitres à l’hectare, ce sont des vins qui disposent de leur propre personnalité.
Xavier Vignon, œnologue-conseil et producteur sur une dizaine d’appellations de la Vallée du Rhône méridionale, définit ainsi le style des rouges de ce Cru. « Les nombreuses vignes en altitude, certaines jusqu’à 600 mètres, offrent un véritable avantage avec le réchauffement climatique que nous connaissons. Un climat plus frais donnera des vins moins chargés en alcool même s’ils restent encore généreux. Pour cette dernière vendange, la moyenne fut de 14,5-15° tandis qu’à Châteauneuf du Pape elle fut plutôt de 16°5. La syrah, qui donne des vins moins alcoolisés que le grenache, rentre de plus en plus dans les assemblages, jusqu’à 20-25%. Diversité des expositions, microclimats et superbes paysages, font partie aussi des points forts du Cru pour des vins plus ronds, plus souples, que ses voisins. Sa faiblesse ? Le manque de notoriété ».
J’ai assisté à un atelier de mixologie organisé par la Cave des Vignerons (Rhonéa). Bien sûr, le Muscat se boit nature, bien frais (8°), dès l’apéritif mais aussi à table pour accompagner des créations asiatiques (crevettes thaïes, salade crevettes-mangue), nord-africaines (tajine de poulet aux abricots), tarte au citron et aux abricots, cheesecake au coco et coulis aux fruits de la passion… Mais certaines idées de cocktails sont pertinentes. Appréciez celui-ci : deux tiers de Muscat, un tiers de liqueur de sureau. Ajoutez de l’eau pétillante et un peu de jus de citron vert.
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